A quoi ressemblent les forêts Miyawaki du Japon ?

Introduction

Une mini-forêt Miyawaki à Hadano, au Japon

En 2023, si vous tapez « méthode Miyawaki » dans un moteur de recherche sur l’internet Français, vous allez tomber sur une foule de résultats : pages d’explications, définitions, images d’illustration, récit de projets de plantation, formation payantes, articles de presse ou études scientifiques…

Sans être devenue hégémonique, le nom de Miyawaki et sa méthode éponyme sont sortis de l’anonymat en France, et chaque année nous découvrons de nouveaux projets de plantation qui se réclament de la méthode japonaise, relayés par les médias .

Mais c’est loin d’avoir toujours été le cas. En 2016, alors que l’association Boomforest n’existe pas encore, Enrico Fusto, le co-fondateur de notre association, découvre par hasard la méthode Miyawaki à travers une conférence TEDTalk – en anglais – de l’entrepreneur indien Shubhendu Sharma, publiée trois ans auparavant et intitulée « How to grow a tiny forest anywhere ».

C’est grâce à cette conférence que de nombreuses personnes à travers le monde découvriront la méthode Miyawaki. À cette époque, aucune ressource francophone n’existe sur le sujet et personne n’avait tenté d’expérimenter la méthode en France.

Inspiré par ce qu’il découvre, Enrico, ingénieur en informatique qui habite alors Paris, imagine aussitôt la possibilité de planter une mini-forêt près de chez lui pour « augmenter le rapport verdure / béton » de sa ville, comme il le formulera alors.

Intrigué par cette méthode « open-source » développée au Japon, Enrico comprend très vite au fil de ses recherches que les ressources accessibles sur le sujet sont faméliques. En effet, seul Shubhendu Sharma, à travers l’enterprise qu’il a fondé, Afforest, a mis à disposition en accès libre un document en anglais intitulé « Miyawaki’s rapid afforestation ».

Il s’agit alors de l’unique guide expliquant en pratique comment appliquer la méthode Miyawaki.

Car cette méthode, développée au Japon à partir des années 70 par le botaniste Akira Miyawaki, n’a jamais été désignée ainsi par son créateur, qui n’a d’ailleurs jamais compilé de guide d’application de celle-ci. Il n’existe en effet aucun ouvrage du professeur intitulé « la méthode Miyawaki » car il s’agit originellement avant tout d’une expérimentation pratique, documentée petit à petit, et reproduite de plus en plus, à plus grande échelle, dans tout le Japon sous son impulsion, sans qu’un guide au sens strict n’ait été publié pour répliquer en toute autonomie (il n’y en avait pas besoin, puisque lui et son équipe accompagnaient les projets). 

L’essentiel des publications qu’il a réalisées sont des études scientifiques ou des ouvrages de recherche, majoritairement en japonais, et quelques livres en anglais avec son ami  écologue américain, le Pr. Elgene Box.

Ne parlant pas japonais, mais décidé à comprendre cette méthode et comment l’appliquer, Enrico a alors choisi d’aller chercher les connaissance à la source : au Japon.

L’entretien d’une mini-forêt Miyawaki plantée en 2021 sur un talus d’autoroute par l’organisation Re Na Fo

Après avoir pris contact avec les équipes de recherche de l’université de Yokohama qui travaillaient avec le professeur Miyawaki, Enrico s’est rendu sur place pour voir par lui-même à quoi ressemblait ces fameuses « forêts Miyawaki » et comment faire pour les planter.

Il reviendra créer la toute première forêt Miyawaki en France en 2018 : la mini-forêt de la porte de Montreuil. Ainsi commencera l’aventure Boomforest.

Ce projet de plantation, alors inédit, en inspirera de nombreux autres, menés tant par l’association Boomforest que par de nombreux autres collectifs qui se constitueront autour d’un principe central, cher au professeur Miyawaki :

« Plantons des arbres ensemble, commençons sous nos pieds puis partout à travers le monde »

Miyawaki, dans son discours de récipiendaire du prix Blue Planet en 2006

Six ans plus tard, il devient difficile de compter les associations, entreprises et collectifs citoyens s’inspirant des travaux du Pr. Miyawaki. De la même manière, les très nombreux articles de presse – spécialisée ou généraliste – portant sur la méthode, tantôt pour la présenter avec enthousiasme, tantôt pour la critiquer, montrent à quel point cette dernière n’est pas une curiosité exotique réservée à quelques botanistes, mais bien un outil accessible et concret dont s’emparent les citoyens dans un contexte de crise climatique.

Dans ce foisonnement récent, il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver : qu’est-ce exactement que la méthode Miyawaki ? 

En l’absence d’ouvrage de référence sur le sujet, chacun à dû tenter de se former au mieux par lui même et ses propres recherches. Tantôt sur internet, tantôt en contactant un collectif ayant déjà planté pour apprendre d’eux, bien souvent sans connaissances botaniques préalables, comme ce fût le cas pour Enrico quand il s’est lancé.

Puis, chacun a adapté la méthode à ses contraintes et sa réalité locale. Espèces à planter, façon de préparer le sol… il n’existe aujourd’hui pas de  dogme sur ces sujets. C’est laforce de la méthode : accessible à tous, elle peut être adaptée à pratiquement tous les environnement dont la végétation naturelle potentielle est la forêt.

Mais le revers de cette médaille, c’est qu’il devient difficile de savoir précisément ce que recouvre le terme « méthode Miyawaki ».

Or, pour fonctionner, cette méthode repose justement sur des principes scientifiques bien identifiés,inspirés de la nature, qu’il est nécessaire de comprendre avant d’éventuellement pouvoir les adapter aux contraintes locales.

Comprendre la méthode, son esprit et ses composantes, en détail et tels qu’ils ont été conçus par le Pr. Miyawaki. Voilà ce que nous avons voulu faire, Damien et moi.

Six ans après la plantation de la toute première forêt Miyawaki de France à la porte de Montreuil, l’Association Boomforest et ses bénévoles ont planté plus d’une vingtaine de mini-forêts en France. Nous avons beaucoup appris mais nos connaissances sur la méthodes et son application restent lacunaires.

Des arbustes mangés par les chevreuils sont remplacés par d’autres jeunes pousses


C’est pourquoi Damien et moi avons suivi les traces d’Enrico et sommes partis pour le Japon, à la rencontre des femmes et des hommes qui ont connu et côtoyé le professeur Miyawaki et font vivre sa méthode aujourd’hui.

Fidèle a l’esprit « open-source » qui anime le projet Boomforest depuis son origine, nous allons vous raconter ici tout ce que nous avons vu et appris au cours de ce voyage:
Les récits des planteuses et des planteurs, ce qui les anime, l’héritage du Pr. Miyawaki qu’ils transmettent. Les photos époustouflantes des forêts plantée parfois il y a plus de 50 ans que nous avons pu voir, mais aussi les aspects techniques, scientifiques de la méthode, transmis par les élèves et collègues du professeur. 

Enfin, la passion des bénévoles qui replantent sans relâche depuis tant d’année et comment ils parviennent à faire venir des centaines de participants sur leurs plantations pour reboiser des montagnes entières.


Tout cela, nous allons vous le partager ici, sur ce blog, au fil des récits de notre voyage.

Bonne lecture !

Par Guillaume Dozier

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